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dimanche 10 avril 2011

Une famille en Nord

Parfois, et de plus en plus souvent maintenant que les beaux jours arrivent, j'entends, qui proviennent d'un jardin proche, des échanges vocaux qui feraient passer la plus croustillante scène de bienvenue chez les chtis, celle où des analphabètes consanguins sous alcool essayent d'imiter le parlé humain (1), pour un congrès de l'académie française.

Une chose reste sûre, il s'agit bien d'une tentative d'exprimer une pensée, bien que le terme "pensée" soit sans doute trop fort pour définir le piètre simulacre de connexion cérébrale -aussi vétuste qu'un réseau télécom malien- qui tient lieu d'intelligence à ces êtres. Ces cris, s'ils paraissent marquer une volonté de signifier, ou, en tout cas, de communiquer, n'en sont pas moins extrêmement dépourvus de la plus infime parcelle du plus minuscule atome d'indice laissé par une indiscernable et hypothétique trace de civilisation.

Si je voulais en toute humilité m'avancer modestement à révolutionner la science moderne, j'affirmerais que je suis en présence du quasi mythique chaînon manquant qui fit -et fait encore- couler tant d'encre dans les luttes entre créationnistes et évolutionnistes.
Aucune preuve tangible ne peut à ce stade être présentée, mais le témoignage de votre serviteur, qui vous assure de sa sincérité et met son honneur ainsi que son nom en jeu: jamais dans mon éminente carrière de biologiste-anthropologue de renom il ne me fut donné à entendre de cris si primitifs provenant de gosiers -a priori- presque humains. À ces sons gutturaux, ma fibre scientifique hypertrophié subit un terrifiant ébranlement, signalant que l'auteur, la chose à l'origine de ce cri était de manière certaine un vestige de temps immémoriaux, qui, bien que vivant en ville, avait conservé intact son indomptable férocité primitive.
Qu'un milieu urbain ait si peu d'influence sur le développement d'un individu qu'il garde inviolée sa singularité atypique idéale (2) peut étonner, mais on se rappelera à cette occasion les cas d'autarcie grégaire constatés par les docteurs Graham et Stephenson de l'école de Dublin, dont les travaux ont montrés la préservation de leur état premier de groupes entiers alors même qu'ils étaient en contact avec des populations allogènes plus évoluées (3).

Une question reste à élucider en dernière instance: comment une tribu d'hommes en devenir -dix-mille ans d'évolution restant jusqu'à l'homo sapiens- a t'elle réussie à acheter une maison ?


(1) Il s'avère que cette scène dure tout le film.
(2) Clin d'oeil Weberien que mon lecteur sociologue aura saisi.
(3) Pour plus de précision se reporter à leur ouvrage: "Les animaux humains, Étude sur trois générations des populations écossaises souillant la sainte terre d'Irlande", qui est un modèle de rigueur scientifique et d'objectivité.

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