Joli coup, eh, créateur, d'enfermer mon âme immortelle dans ce titanic de pacotille, réputé insubmersible, censé fendre cet océan excrémenciel dechainé qu'est la vie terrestre. Je crache sans respect sur ton immense génie aéronautique, à qui je dois le jour, la nuit, et ma condition de trouduc bipède soumis au besoin. Ma viande torturée ne peux que se tordre douloureusement de respect devant ta sainte inventivité, qui me greffa à l'aube des temps moultes appendices superflus en me refusant ceux dont j'aurais eu le plus l'usage. Deux jambes ! Quel manque de goût ! Ton sens de l'harmonie et des justes proportions te viens du Démon, papa !
J'aurais voulu naître siège de bureau, j'aurais été alors un charmant petit animal à poils courts, au corps souple et doux, chauffé en permanence par les derrières rembourrés d'obscurs employés interchangeables. [Les postérieurs de médiocres ont un je-ne-sais-quoi de servile et concave que je trouve tout particulièrement appréciable, me sentant ces fois-là serein et dominateur.]
Tu auras compris ma requête, grand-papi, je ne veux plus être homme, cette existence m'insupporte. Je hais cette carcasse débile, ces constantes stimulations parasitants mes pensées, ces pulsions animales exécrables dont ton règne nous a comblé.
Une belle chaise de bureau, avec des roulettes, voici mon souhait, ce vers quoi je tends de toute mon âme, cette vie paisible d'objet inanimé, ce rêve d'incarnation moelleuse. Et avec des roulettes, s'il vous plaît !
Reprends donc ta machine d'une complexité inouïe, et donne moi donc la forme à la simplicité rassurante d'un siège à roulettes.
Bien cordialement, ton fils.
PS: N'oublie pas les roulettes.
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